GERARO XURIGUERA > Review

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 Aune époque où l'art s'est emparé de l'espace ouvert et s'est affranchi de la dépendance du chevalet, l'aventure plurielle de l'objet, la tendance à la conceptualisation ésotérique ou néo-spiritualiste, le recours aux pratiques sociologiques et à l'arsenal des nouvelles technologies, ont offert aux artistes d'autres terrains d'investigation, en faisant exploser les langages normatifs.

 A cet égard, Shim Young-Chul est bien une artiste de son temps. Peintre au départ, elle a rapidement centré sa démarche sur le refus des métho-dologies orthodoxes, ens'appropriant des objets hétéroclites et en les recyclant, des éléments relevant desmass media, au gré d'une interrogation sur l'art fondée sur les modalités de sa miseen situation.

 Elle travaille sur l'illusion du mouvement, mais en marge du cinétisme, procède parassemblage, dans une liberté maximale, réalise des installations tantôt graves, tantôtnimbées d'humour, manipule des structures métalliques, emploie du métal, du bois,de l'eau, du papier irrigués d'hologrammes, dont les combinatoires ludiques ou dramatiques n'induisent aucun formalisme, mais laissent percer, parallèlement à desrésonances religieuses ou métaphysiques, une symbolique imprégnée d'affectivité.

 Dans Le Jardin électronique, par exemple, émaillé d'une multitude d'écrans vidéo, d'arbres peints greffés de néons en spirale, elle mélange l'organique et la technologie, Dieu et la nature, le vivant et l'inerte, le sens de la vie et de la mort. Dans des installations mitoyennes, elle lève des pyramides composées de 1 500 bibles, met en scène des bougies alignées sur des socles endeuillés, joue avec des fils de fer, des images publicitaires, dessine des mains ou des signes à l'aide du néon, ou encore isole des objets à l'intérieur des minéraux.

 Tout, ici, réside dans la scénographie, les interventions techniques et leurs prolongements, la juxtaposition étudiée des formes, des objets, des images et leur mixage signifiant. Néanmoins, environnements ou performances, éphémères ou faits pour la durée, les oeuvres de Shim Young-Chul, dans leur désòrdre organisé, ne tendent pas vers la sécheresse de l'objectivation, mais révèlent une poésie visuelle tonique et rafraîchissante.

GERARO XURIGUERA 

Source : Bemeures & CHATEAUX (Nov 1995)